Interview de notre Fondateur, M. Tony O. Elumelu sur Guest Africa avec Radio France Internationale (RFI)
RFI : Expliquez-nous ce qu'est « l'Africapitalisme », cette philosophie économique que vous défendez ?
Tony Elumelu : Je suis dirigeant d'entreprise en Afrique. Je suis philanthrope en Afrique. Je suis également investisseur dans de nombreux pays du continent. Et c'est surtout dans notre jeunesse que j'investis. Au fil du temps, j'ai développé une conviction : c'est à nous, Africains, de développer l'Afrique au XXIe siècle. Et pour y parvenir, le secteur privé doit prendre les devants et s'appuyer sur l'économie du continent. J’ai vu qu’avec de réels investissements, nous pouvons surmonter les défis auxquels nous sommes confrontés. C'est pourquoi j'ai créé cette philosophie : « l'Africapitalisme ». C'est un appel au secteur privé à investir dans le développement du continent. Nous avons besoin d’investissements à long terme dans les secteurs stratégiques de l’économie africaine. C’est ce qui créera de la prospérité économique, de la richesse sociale, des emplois… C’est ce qui permettra aux femmes de participer aux activités économiques et d’éradiquer la pauvreté en Afrique. C’est « l’africapitalisme ».
RFI : En termes d'innovations, l'Afrique anglophone donne parfois l'impression d'être plus avancée que l'Afrique francophone. Partagez-vous ce point de vue ?
Tony Elumelu : Je fais des affaires dans plus de vingt pays en Afrique. J'ai été confronté à des cultures différentes, d'un pays à l'autre. Dans certaines régions d’Afrique francophone, la culture du travail est effectivement un peu différente. Mais ce que je constate aussi, c’est qu’avec la technologie, les réseaux sociaux et le numérique, le monde se mondialise. Les gens s’influencent mutuellement de manière positive. Je constate que les comportements, les attitudes, se ressemblent de plus en plus. Les gens sont de plus en plus entrepreneurs. Vous savez, je parle à de jeunes entrepreneurs au Cameroun. Je discute avec des entrepreneurs en Côte d'Ivoire, au Burkina Faso et au Mali. Leur enthousiasme, je le vois. Ils adoptent cette attitude entrepreneuriale. Et tant mieux ! Mais il y a une chose que je dis aux gouvernements : les entrepreneurs réussissent lorsque les États décident délibérément de les soutenir et de créer un environnement favorable. C’est ce que devraient faire la plupart des gouvernements africains. Si vous voyez un pays où le secteur privé se développe et où les entrepreneurs prospèrent, alors le gouvernement a bien fait les choses. Les dirigeants africains doivent donc veiller à accompagner leurs entrepreneurs dans la réussite. c'est que le gouvernement a bien fait les choses. Les dirigeants africains doivent donc veiller à accompagner leurs entrepreneurs dans la réussite. c'est que le gouvernement a bien fait les choses. Les dirigeants africains doivent donc veiller à accompagner leurs entrepreneurs dans la réussite.
RFI : C’est un point intéressant. Mais ne pensez-vous pas que le manque de démocratie dans certains pays, francophones notamment, peut être un frein au développement de l'entrepreneuriat, à la création de start-up ?
Tony Elumelu : Il existe une corrélation positive entre la démocratie, la bonne gouvernance et la réussite du secteur privé et des entrepreneurs. Nous avons donc besoin de gouvernements qui encouragent délibérément l’entrepreneuriat. Nous avons besoin de gouvernements qui créent des environnements favorables, des lois fiscales, des infrastructures, des politiques cohérentes et des politiques macro-économiques stables. Nous avons besoin de gouvernements qui facilitent le climat des affaires et la création d’entreprises. Ce sont les facteurs qui permettent aux entrepreneurs de réussir. Et les gouvernements qui ne le font pas ne s’en sortiront probablement pas mieux.
RFI : La Fondation Tony-Elumelu a été créée pour autonomiser les femmes et les hommes du continent et accélérer la croissance économique du continent. Votre fondation montre que vous avez une confiance inébranlable dans la jeunesse africaine. Comment faire pour que tous ces jeunes croient en eux ?
Tony Elumelu : Ma propre histoire. Ce qui m'a fait croire en moi, c'est d'avoir une attitude positive envers la vie. Il faut aussi voir les choses sur le long terme. Vous souffrez peut-être aujourd’hui. Mais dites-vous que les choses finiront par s’améliorer. C'est cet espoir qui vous porte. Et puis l’univers fait arriver de bonnes choses. Le potentiel de l'Afrique est énorme. Mais en même temps, nous savons que nous devons travailler dur pour transformer ce potentiel en réalité. Ce que je dis aux jeunes entrepreneurs africains, c'est que l'environnement dans lequel ils évoluent est difficile. Mais n'abandonnez pas. Soyez résilient. Continue d'essayer. Regardez quelqu'un comme moi, Tony Elumelu : je ne suis pas le fils d'un milliardaire et pourtant, j'ai réussi en Afrique. Cela veut dire que vous aussi pouvez réussir, encore mieux que moi ! Mais il faut travailler dur. Soyez résilient. Se concentrer. Prêt à faire des sacrifices. Et là tu iras loin dans la vie. L’aventure entrepreneuriale n’est pas facile. C’est fait de hauts et de bas. Il faut donc rester concentré et avoir une vision à long terme, car c'est à ce moment-là que tout va se passer.
RFI : Vous êtes un modèle, une source d’inspiration pour de nombreux entrepreneurs africains. Vous avez commencé votre vie en tant que vendeur de photocopieuses. Quel est le secret de votre réussite ?
Tony Elumelu : Un dur travail. Résilience. Persévérance. Discipline. Se concentrer. Il est également important d’apprendre à économiser et à ne pas consommer tout ce que l’on a sous la main. Si vous avez un dollar entre les mains, mettez-en une partie de côté. Si vous ne le faites pas lorsque vous avez un dollar, vous ne le ferez pas lorsque vous avez un milliard de dollars. Enfin, le plus important est la grâce de Dieu.